À l’approche des élections générales prévues pour 2025, le Cameroun se trouve à un carrefour décisif. Mais au-delà des défis internes liés à la gouvernance, aux tensions sociales et au conflit anglophone, la situation politique du pays est aussi marquée par les dynamiques complexes de la sous-région. Un environnement sous régional instable, caractérisé par des crises politiques, sécuritaires et économiques, pourrait exacerber les tensions et influencer directement l’issue des prochaines élections camerounaises.
Au Cameroun, les tensions internes ne faiblissent pas. Le conflit anglophone, qui dure depuis 2016, continue de déstabiliser les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, tandis que les violences, les déplacements forcés et la crise humanitaire affectent des milliers de Camerounais. À cette crise s’ajoute l’insécurité dans les régions septentrionales, confrontées aux incursions de groupes terroristes comme Boko Haram. Le climat politique, déjà tendu, est empoisonné par une gouvernance autoritaire et une répression systématique des voix dissidentes. En 2025, l’ombre de la fraude électorale, perçue lors de la réélection de Paul Biya en 2018, risque de planifier à nouveau sur le processus électoral, exacerbant le mécontentement populaire et les soupçons de manipulation.
« Paul Biya : un pouvoir en quête de légitimité »
Depuis plus de 40 ans à la tête du pays, Paul Biya incarne une longévité politique qui suscite des interrogations sur sa capacité à incarner le changement. La question de la légitimité de son pouvoir est au cœur des préoccupations, d’autant plus que la répression des partis d’opposition et les restrictions des libertés publiques sont des sujets récurrents. L’instabilité régionale et les accusations récurrentes de fraude ne font qu’accentuer le climat de méfiance. Si le pouvoir actuel parvient à se maintenir en place, il pourrait en sortir fragiliser, d’autant plus que la contestation monte en flèche, notamment dans les grandes villes et chez les jeunes, qui réclament des réformes politiques et économiques profondes.
« Les défis socio-économiques : un terreau fertile pour les revendications populaires »
Sur le plan économique, le Cameroun fait face à de lourdes difficultés. La croissance économique est faible, la pauvreté reste endémique, et les inégalités se creusent. Le chômage, particulièrement chez les jeunes, atteint des taux préoccupants. Les promesses de modernisation et de développement n’ont pas encore donné de résultats tangibles, exacerbant le sentiment de frustration parmi une population qui attend des réponses concrètes à ses besoins. Les répercussions économiques de la pandémie de COVID-19 ont également aggravé la situation, avec une crise économique qui risque de peser lourdement sur le moral de la population à l’approche des élections.
« L’opposition : une unité fragile et des ambitions contrariées »
Face à ce régime de plus en plus impopulaire, l’opposition semble néanmoins incapable de peser de manière décisive. Bien que des figures comme Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), et Joshua Osih, du Social Democratic Front (SDF), aient remporté une certaine popularité, le manque d’unité et de stratégie commune entre les différents partis d’opposition est un handicap majeur. La multiplication des candidatures ne permet pas de constituer une véritable alternative, d’autant que le climat politique répressif rend toute organisation véritablement libre difficile. La fragmentation de l’opposition et les intimidations à l’encontre de ses leaders risquent d’entraver toute tentative de changement. L’absence de consensus et d’une véritable stratégie de rupture fragilise la perspective d’un basculement du pouvoir.
Au-delà des enjeux politiques, la situation socio-économique du pays reste préoccupante. L’économie camerounaise, minée par la corruption et un manque d’infrastructures adéquates, peine à offrir des solutions aux aspirations des jeunes et des populations vulnérables. Le chômage, notamment chez les jeunes, est un défi majeur. L’impact de la pandémie de COVID-19 a exacerbé les difficultés économiques, rendant encore plus pressante la nécessité de réformes structurelles. La population attend des promesses de croissance durable, mais les résultats sont encore loin d’être visibles. Si les élections de 2025 ne tiennent pas compte de ces aspirations sociales, elles risquent de nourrir encore davantage un climat de frustration.
À l’approche de 2025, la situation au Cameroun semble donc se tendre de plus en plus. Entre un gouvernement qui cherche à maintenir son pouvoir, une opposition dispersée et une société en quête de réformes profondes, le pays s’apprête à vivre une année électorale marquée par des enjeux de gouvernance, de paix et de stabilité. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si ces élections, prévues dans un climat de crise, pourront réellement apporter le changement tant espéré par une partie importante de la population. La réponse pourrait bien dépendre de la capacité du Cameroun à surmonter ses divisions internes et à restaurer une confiance démocratique qui lui échappe depuis trop longtemps.