S’il devait être logiquement déposé à la table de l’Assemblée nationale depuis le mois de Septembre, c’est finalement la semaine dernière que le projet de loi de finances a été soumis aux élus de la Nation. Malgré tout, des incertitudes demeurent quant au financement du budget 2025. « Afrique en plus » a enquêté sur les dessous de ce blocus.
Déposé à la table de l’Assemblée nationale le 11 décembre dernier, le projet de loi de finances 2025 est présentement sur la table des membres de la commission économie et finances, pour analyses. Selon nos informations, c’est le 24 décembre prochain que la maison du peuple convoquera une session plénière afin de débattre de ce document qui facilitera l’exercice budgétaire 2025. Toutefois, selon des sources au ministère des finances et du budget, de réelles inquiétudes subsistent quant au financement du budget de l’année prochaine. Et pour cause, la non-application de la recommandation du Fonds Monétaire International (FMI) quant à la baisse du prix des hydrocarbures. En effet, lors des dernières missions d’expertise de l’institution de Bretton Woods en Centrafrique, celle-ci a conditionné le décaissement de la seconde tranche de la Facilité Elargie de crédit (FEC) à la baisse du prix des hydrocarbures. Car selon l’organisation, l’augmentation du prix de carburant a un impact considérable sur l’activité économique en Centrafrique. Malgré l’insistance du ministre des finances et du budget concernant la nécessité pour le gouvernement centrafricain de revoir en baisse le prix des hydrocarbures, cette volonté du technicien se heurte à l’intransigeance du ministre de l’énergie et de l’hydraulique, par ailleurs proche parent du président centrafricain. En effet, celui-ci a usé de sa position pour concéder sans concession le quasi-monopole d’importation des produits pétroliers à la société camerounaise Neptune Oil. Cette situation avait même conduit à la publication d’un rapport de la société civile qui pointait du doigt « la mafia » dans le secteur pétrolier en République centrafricaine.
Le 11 décembre dernier, bien que présentant des chiffres qui marquent une hausse du budget centrafricain pour l’année 2025, face aux élus de la Nation, le ministre des finances et du budget, Hervé Ndoba, n’a pas manqué de faire savoir que l’un des principaux défis à l’exercice budgétaire 2025 reste le maintien du prix des hydrocarbures. Pour nos sources, l’inquiétude de l’argentier centrafricain se fonde sur le fait que si le gouvernement ne parvient pas à revoir ces prix, cela pourrait entrainer le refus du Fonds Monétaire International (FMI) à pouvoir financer le budget, et au-delà, d’autres institutions financières internationales seraient tentées de prendre la même voix alors que le budget national est supporté à plus de la moitié par les fonds internationaux.
Si les Chefs d’Etat de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) actuellement en conclave ce lundi 16 décembre à Yaoundé en vue d’aborder les pertinentes questions de la situation économique de la sous-région, des indiscrétions auprès du ministère des finances et du budget laissent comprendre que la question de la brouille entre le FMI et l’Etat centrafricain sur la gestion du secteur pétrolier sera aussi abordée. Reste maintenant à voir les résolutions que va prendre le dirigeant centrafricain face à cette situation économique et financière inédite.