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A Bangui, le renouvellement de la coopération entre Paris et Bangui ne fait pas que d’amis. Après la feuille de route adoptée entre les Chefs d’Etat français et centrafricain, force est de constater la reprise de la guerre informationnelle contre la présence française en Centrafrique.

La France bien-aimée, la France mal-aimée

L’aide française en faveur de la République centrafricaine n’est-elle pas bien accueillie en Centrafrique ? En tout cas, c’est le sentiment qui semble être dégagé depuis que Paris a annoncé la reprise de son aide budgétaire en faveur de la RCA. Attaques dans la presse, soupçons de plan d’assassinat du Président Touadéra, supposée implication de la France dans la crise de 2013 marquée par l’assaut des anti-balakas, voilà autant de pogroms contre la présence française en Centrafrique. Pour des analystes indépendants contactés par « Afrique en plus », ces « procès d’intention » sont ni plus ni moins des stratégies commanditées par des officines afin de discréditer le nouveau cadre de partenariat stratégique établi entre la France et la République centrafricaine. « Si on analyse bien l’écosystème actuel ainsi  que le timing des actes de désinformation visant la France ces derniers mois, on peut logiquement croire à la thèse selon laquelle la France est évidemment victime d’une guerre informationnelle commanditée par des officines », commente un journaliste indépendant, spécialiste de la lutte contre la désinformation en Centrafrique. Même si notre interlocuteur n’a pas avancé le nom des acteurs, il n’en demeure pas moins qu’entre Octobre et Novembre, l’équipe France a été victime d’une grossière campagne de désinformation dans la presse. La première, parue sur un site d’informations malien, présentait le premier conseiller de l’ambassade de France à Bangui comme étant l’auteur d’un supposé trafic d’organes humains. La seconde attaque, qui a valu la réaction de l’ambassade de France est relative à un éditorial paru sur le site d’informations « Ndjoni Sango », méfia réputé pro-russe, lequel attribue à la France la responsabilité de la crise survenue en Centrafrique en Décembre 2013. Pour une source auprès de la chancellerie française, il n’y a aucun doute que l’article a été commandité « par ceux qui ne veulent pas de la reprise de la coopération entre nos deux pays ».

« Un nouveau cadre de partenariat qui fait réveiller les vieux démons de la désinformation »

Evidemment, comme le reprend un autre analyste contacté par notre journal « le nouveau cadre de coopération entre Paris et Bangui a de quoi faire fâcher les autres partenaires du pays, qui se croyaient en terrain conquis. La diplomatie française a bien poussé le pion, et aujourd’hui, les relations sont devenues plus normales qu’auparavant. Ce n’est donc pas surprenant que cela réveille les vieux démons d la désinformation ».

Même si le nouveau cadre de partenariat entre Paris et Bangui est né de la volonté des deux Chefs d’Etat, le Président centrafricain qui garde toujours des attaches avec Moscou, préfère marcher à pas comptés. « Touadéra sait qu’en revenant dans le giron français, il risque gros. Surtout que les russes sont toujours aussi bien présents dans le dispositif de son pouvoir. Il a bien la volonté d’aller un peu plus loin avec les Français, dont la précieuse aide de 10 millions d’Euros, permettra de soutenir le budget de l’Etat toujours en difficulté », croit savoir un diplomate à Bangui. Laquelle source ajoute « mais il souhaite le faire avec beaucoup de tact. Il est aujourd’hui sous pression des hommes de Wagner, qui ne veulent pas de son idylle avec la France ». Bien sûr qu’à Bangui, de nombreux observateurs estiment que la mise en place d’une statue en hommage à Outkin et Prigojine, avec pour corollaire une cérémonie en grandes pompes où étaient invités de hauts dignitaires politiques et militaires, peut être perçu d’une certaine manière comme un « grand coup politique » face à l’offensive diplomatique menée par Paris depuis l’annonce de la reprise de son aide budgétaire.

Toutefois, commente un leader politique centrafricain « les enjeux géostratégiques que représente la République centrafricaine à l’heure actuelle vont bien au-delà de ses ressources naturelles. Les puissances qui ont besoin d’un certain positionnement en Afrique centrale, ont bien besoin d’avoir Bangui avec elles ».

Pour l’heure, reste à savoir comment la diplomatie centrafricaine va se comporter face à cette situation inédite qui ne manquera pas de faire des victimes.

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