Les opérations de recensement électoral débutées le 24 Novembre 2024 prendront fin le 21 Janvier de l’année prochaine. Cependant, les agents recenseurs, déployés sur le terrain par l’Autorité Nationale des Elections (ANE), font régulièrement l’objet d’agressions de la part des groupes armés. Pour de nombreux observateurs, le Plan Intégré de Sécurisation des Elections (PIS) est visiblement un échec.
Interrogé par le journal « Afrique en plus » en marge de la célébration de la journée internationale des Droits de l’Homme, M. Yao Agbetse, Expert indépendant de l’ONU n’a pas manqué de montrer sa vive préoccupation face aux violences qui émaillent la période électorale en cours en Centrafrique.
« L’insécurité empêche les électeurs d’exercer leur droit de vote. Elle handicape l’acheminement des matériels électoraux. Et aussi, quand règne l’insécurité, les candidats ne peuvent battre campagne en toute sérénité. Les autorités centrafricaines, devraient, de concert avec les Partenaires Techniques et Financiers (PTF), mettre tout en œuvre pour que ce scrutin se déroule dans des conditions optimales » a plaidé l’Expert.
Selon les témoignages recueillis par notre rédaction sur le terrain, les agents tablettes sont régulièrement visés par des attaques commanditées par les hommes armés. Contactées, des sources à l’ANE attestent que le Plan de Sécurisation des Elections (PIS) est un échec. Et pour causes, renseignent ces sources : « la MINUSCA a promis de travailler en étroite collaboration avec l’ANE en vue de sécuriser le processus électoral, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les agents tablettes sont presque envoyés dans la gueule du loup. Nombreux sont ceux qui sont victimes d’exactions perpétrées par les groupes armés. A certains niveaux, quand leur sécurité n’est pas garantie, d’aucuns se voient obligés de rebrousser chemin, laissant les matériels électoraux en pleine nature. Nous déplorons cette situation, et voudrons dire haut et fort que cela ne garantit pas la bonne tenue des élections. Au-delà de la MINUSCA, il faut que les services déconcentrés de l’Etat coopèrent, afin d’offrir un cadre de travail sécurisé à nos agents ».
En effet, le Premier Plan Intégré de Sécurisation des Elections (PISE) a été élaboré à la veille des élections de 2020. Les acteurs concernés ont été, entre autres, le gouvernement centrafricain (représenté par le ministère de l’intérieur, le ministère de la défense, le ministère de l’administration du territoire), l’ANE, le cadre de concertation ainsi que les partis politiques. Si ce plan avait montré ses limites lors des scrutins passés, il n’en demeure pas moins que malgré les enjeux de futures élections, celui-ci n’a jamais été évalué ou encore amélioré. Ce qui fait dire à plusieurs observateurs que les prochaines élections risqueraient d’être compromises du fait de l’insécurité qui empêchera d’une part les candidats à battre campagne en toute sincérité, de l’autre, elle empêchera la population d’exercer son droit de vote.
Si le mandat de la MINUSCA lui donne le droit c’accompagner le processus électoral en Centrafrique, la responsabilité de l’institution est directement engagée. Malgré l’insistance de notre rédaction à pouvoir recueillir l’avis des responsables de la mission des Nations-Unies suite aux accusations de nos sources à l’ANE, nous n’avons pas pu faute de réponse au téléphone. « Afrique en plus » va néanmoins poursuivre ses investigations sur le « flou sécuritaire » qui entoure le prochain processus électoral en Centrafrique.