Ce lundi 9 décembre 2024, le Président Mahamat Idriss Déby Itno a été élevé à la dignité de Maréchal du Tchad. Cette décision a été adoptée par un vote du Conseil National de Transition (CNT), avec 160 voix favorables, 2 voix contre et 6 abstentions. Il succède ainsi à son père, le Maréchal Idriss Déby Itno, sur le plan symbolique et militaire.

Arrivé au pouvoir en avril 2021 à la suite du décès de son père, Mahamat Idriss Déby, alors âgé de 37 ans, occupait le grade de Général de Corps d’Armée. En décembre 2021, il avait été promu Général d’Armée. Ce dernier titre, de Maréchal, marque une nouvelle étape, consolidant davantage sa position politique et militaire dans un pays confronté à des défis sécuritaires majeurs.

Cette élévation symbolique, décidée par le CNT, organe législatif de transition, s’inscrit dans un contexte où Mahamat Idriss Déby Itno cherche à affirmer son autorité et à renforcer sa légitimité. Bien que la décision soit présentée comme le résultat d’un suffrage démocratique, elle suscite des critiques, notamment de l’opposition et de certains segments de la société civile tchadienne.

Pour une partie de la population, cette promotion est perçue comme une manœuvre politique destinée à asseoir davantage le pouvoir du chef de l’État, dans un système déjà qualifié par beaucoup de centralisé et autoritaire. Ces critiques s’inscrivent dans un climat de mécontentement grandissant, où les dérives du système de gestion du pays, la concentration des pouvoirs et le recul des libertés démocratiques sont fréquemment dénoncés.

‹‹ Un contexte historique mais inquiétant ››

Le titre de Maréchal, accordé pour la première fois en 2020 à Idriss Déby Itno, père de l’actuel président, symbolise une reconnaissance des exploits militaires et du leadership. Cependant, pour certains observateurs, son utilisation actuelle témoigne d’une instrumentalisation politique de l’armée pour légitimer un pouvoir de plus en plus contesté.

Depuis sa prise de pouvoir, Mahamat Idriss Déby a promis de mener une transition inclusive, mais les retards dans l’organisation des élections et les accusations de répression des voix dissidentes ont terni son bilan. La nomination de Maréchal pourrait ainsi être vue comme une tentative de détourner l’attention des tensions sociales et politiques croissantes.

Alors que certains partisans saluent cette élévation comme un hommage mérité et un signe de continuité dans la tradition militaire du Tchad, les opposants dénoncent un « culte de la personnalité » et expriment leurs craintes quant à un rétrécissement continu de l’espace démocratique. Les organisations de défense des droits humains, ainsi que plusieurs partenaires internationaux du Tchad, appellent à des réformes profondes et à une transition politique véritablement inclusive.