Ce lundi 9 décembre 2024 ont débuté les assises de la déclaration de clôture dans l’affaire concernant Alfred Yekatom, alias « Rambo », et Patrice Édouard Ngaissona, deux figures clés des milices Antibalaka. Ils sont accusés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, perpétrés durant les conflits de 2013 à 2014 en République centrafricaine (RCA).
La première journée de cette phase cruciale a été exclusivement consacrée à la présentation des faits par le procureur général. Dans une déclaration détaillée, ce dernier a mis en lumière le déroulement des événements et les responsabilités présumées des deux accusés.
Les accusations contre Patrice Édouard Ngaissona, selon le procureur : « Ngaissona a joué un rôle central dans la coordination des attaques visant les civils musulmans. Ces attaques ont eu lieu dans des lieux tels que le quartier PK5 à Bangui, l’école Yanwara à Bimbo 3, ainsi que dans la région de Bossangoa dans l’Ouham. Il a également financé ce plan, sous les ordres de François Bozizé, en collaboration avec ses proches. »
Le procureur a également affirmé que Ngaissona aurait procédé à des transferts d’argent pour soutenir les militaires réfugiés à Yaoundé, au Cameroun. Ces fonds auraient servi à organiser leur transport jusqu’à Bangui via Bertoua, afin de mener des attaques à Béloko et Bouar. Pour appuyer ces allégations, des enregistrements audio et vidéo auraient été présentés, montrant les mouvements logistiques et financiers.
Les accusations contre Alfred Yekatom, alias « Rambo », pour Alfred Yekatom, la responsabilité alléguée porte principalement sur l’exécution des attaques. Le procureur déclare : « Rambo était au cœur des massacres de civils musulmans à Bouar et Bangui. Dans une vidéo diffusée par France 24, il est clairement visible en train de diriger ses hommes pour attaquer les populations musulmanes de Bimbo. On le voit également se rendre avec ses éléments au village de Voudambala, dans la commune de Bégoua, pour organiser des offensives. Ces éléments prouvent son implication directe dans les exactions. »
Les avocats de la défense et les proches des accusés estiment que les preuves avancées par le procureur sont insuffisantes. Samson Ngaibona, un proche de Patrice Édouard Ngaissona, a exprimé son scepticisme : « Le procureur parle de coordination et de transferts d’argent, mais où sont les preuves ? Où sont les documents bancaires ou les bordereaux de transaction ? Rien de tout cela n’a été présenté. Ces accusations reposent uniquement sur des déclarations verbales. »
« La frustration des victimes et un procès sous tension »
De leur côté, les victimes expriment leur désarroi face à ce qu’elles perçoivent comme une faiblesse dans la présentation des preuves. Francine Evodie Ndemade, présidente de l’organisation des victimes, a déclaré : « Nous avions été assurés que des preuves solides étaient disponibles. Or, ce matin, nous voyons des déclarations sans fondements clairs. Si cela continue ainsi, nous risquons une libération pure et simple de ces bourreaux, malgré notre conviction de leur culpabilité. »
Alors que les débats se poursuivent, le procès semble diviser les opinions. Tandis que la défense insiste sur l’absence de preuves tangibles, les victimes espèrent encore que justice sera rendue. Ce procès, qui se déroule à La Haye, est suivi de près en République centrafricaine et au-delà. Sa conclusion est attendue avec une grande impatience, car elle marquera un tournant important dans la quête de justice pour les atrocités commises pendant le conflit.